La scène aux séniors

Événement magnifique : Kontakthof de Pina Bausch !

Voir une pièce de Pina Bausch demeure un événement rare, improbable et magnifique qu’il convient de saisir comme une rencontre unique et définitivement bouleversante.

D’une part, parce que ses spectacles sont donnés presque uniquement dans les plus grandes villes du monde tels des représentations à caractère exceptionnel.
D’autre part, parce qu’elle est la créatrice d’un genre théâtral inédit, le Tanztheater ou théâtre dansé – référence absolue en la matière – et désormais l’une des chorégraphes les plus marquantes de la fin du XXe siècle.
Enfin, parce que Pina Bausch sait porter comme nulle autre un regard tendre et impitoyable, d’une justesse sidérante, sur le monde et l’humain dans tous ses états, exacerbant des sentiments enfouis au plus intime de nous-même : on n’en ressort pas indemne, mais grandi.

Vingt-deux ans après sa création, Pina Bausch a décidé de reprendre cette pièce maîtresse avec une nouvelle distribution constituée d’interprètes non-professionnels âgés de plus de 65 ans et recrutés par annonce dans la presse.

Superbe et poignante réincarnation qui révise de façon crue et nostalgique les codes de séduction, et nous dévoile plus que jamais ce qui anime tout être humain : le simple besoin d’être aimé.

Le résultat, vu l’an passé à la Comédie de Clermont-Ferrand, est fulgurant. Avec ces interprètes âgés, les gestes sont peut-être moins précis, la technique forcément moins virtuose, mais sans que rien n’ait pour autant été changé de la chorégraphie initiale.

A l’origine, le spectacle n’était absolument pas prévu pour partir en tournée. Ce n’est d’ailleurs pas une production habituelle, et les représentations en restent limitées. Après Clermont-Ferrand l’an passé, la scène nationale du Merlan, à Marseille, offre aujourd’hui l’une de ces rares occasions.

Le spectacle sera présenté au théâtre de la Criée sur la Cannebière. Inutile de préciser, s’il est encore temps, qu’il faut s’y précipiter.